Voilà une belle histoire de guitare racontée
par un abonné de La Chaîne Guitare.
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Laissez-moi vous présenter Roxanne, et son histoire.
Roxanne, c’est déjà tout un récit en elle-même : celui de ma première et principale guitare électrique, une Fender Stratocaster Buddy Guy signature, reconnaissable entre mille à son ramage noir parsemé de pois blancs.
Lorsque j’ai commencé la guitare (électrique, du moins), jeune éphèbe plein de curiosité mais aussi de candeur, j’ai suivi un chemin assez classique dans le choix de mes maîtres : ce fut Clapton, Gilmour, puis un peu plus tard John Mayer.
Puis, un jour, les choses ont changées, lorsque mon frère Gaétan m’appela pour me faire écouter sa dernière découverte. Quelques notes de guitare acoustique, le bruit des doigts sur les cordes, tout en délicatesse et tension. Puis la voix, chaude, profonde, envoutante d’un homme qui se fait presque plus narrateur que chanteur, semblant s’adresser directement à nous pour nous raconter…
Cette découverte, c’était l’album Blues Singer, et Buddy Guy qui interprétait « Hard Time Killing Floor » : encore aujourd’hui, je ne peux pas écouter cela sans que ça me titille l’épine dorsale.
Buddy Guy, c’était tout un univers à découvrir, une carrière incroyablement longue et diversifiée. Bientôt, j’entendrai les envolées vocales impressionnantes, le showman, les solos sans concession emplis d’une puissance incroyable, presque impressionnistes.
De ce jour là, je n’avais plus qu’une guitare en tête : ce serait une Fender Stratocaster, le choix de tous mes héros, mais une "comme celle de Buddy Guy », en robe de soirée noire et parée de ses perles nacrées.
15 mai 2011
Ce jour là, j’ai 18 ans.
Ce jour là, ma famille, mes proches sont réunis. Ce jour-là, ils se sont unis et cotisés pour m’offrir ensemble, à ce moment censé marquer l’entrée dans la vie d’homme, cette guitare dont je rêvais tant.
Lorsqu’arrive l’étui, je sens que quelque chose se passe. Lorsque je l’ouvre, l’émotion m’envahit. Lorsque je la saisis, je comprends. Presque aussitôt, elle sera adoptée, et adorée.
Presque aussitôt également, elle sera baptisée : ce sera Roxanne, en hommage d’abord au Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, mais ensuite et aussi à Sting et The Police. Commençait une histoire dont je ne vais rapporter ici que quelques chapitres.
2 septembre 2012
La veille, un ami m’avait appelé : « Dis, Clément, aller voir Coldplay au Stade de France, ça te tenterait? J’ai une place pour toi ». Oui, j’ai des amis formidables. Je ne vais pas faire un live report, mais le lendemain fut un concert incroyable, une grosse grosse claque que de voir en live ce groupe qui clairement, sait y faire.
À la fin du concert restaient, au sol, des confettis multicolores envoyés lors du concert. J’en ramasserai deux : ils seront fixés sur le pickguard de Roxanne, offrant deux touches de couleur à son originelle tenue de soirée.
3 juillet 2014
Olympia, Paris. Depuis que je suis arrivé dans la capitale, je saisis des occasions. Ce soir-là, quelque chose va se concrétiser. Ce soir-là, je vais voir, pour la première fois de ma vie, un concert de Buddy Guy, cet homme dont je connais l’oeuvre depuis quelques années, maintenant, mais que je n’avais jamais eu la chance d’entendre jouer en live. Je suis, encore une fois, entouré de mes proches (mes deux frères, mon oncle et ma tante) parce que chez nous, la musique est une affaire de famille.
Dans un espoir un peu fou, j’emporte Roxanne avec moi, car qui sait, on pourrait croiser le maître himself? Ce ne fut pas le choix du destin, ce soir là.
Pourtant, il ne fut pas avare. Car ce soir là, la première partie de Buddy Guy, et son complice sur scène, c’était un certain Quinn Sullivan, 15 ans. 15 ans, mais déjà beaucoup de choses à dire, beaucoup de choses à jouer, et avec une maturité technique et musicale impressionnante, tout claptonienne dans l’esprit.
Si ce ne fut que la première claque de la soirée, avant celles évidemment distribuées sans concessions par Buddy Guy, ce fut aussi la plus inattendue. Suffisamment pour que, croisant plus tard, dans le hall de l’Olympia le jeune prodige, je lui demande d’apposer sa griffe sur Roxanne.
Ce qu’il fit, non sans malice, sur sa hanche droite…
Elle est peu visible car hélas effectuée noir sur noir, mais elle importe beaucoup, en souvenir d’une première rencontre avec le maître, et avec son élève… de ces instants suspendus que seule la musique sait provoquer.
23 janvier 2015
Ce jour là, il fait froid. Je sors juste d’un examen de droit plutôt coriace, et décide de me rafraîchir les idées en allant me balader un peu au jardin du Luxembourg.
Encore une fois, le destin allait me sourire : presque arrivé au niveau du boulevard St Michel, mon chemin a croisé celui d’un certain Matthieu Chedid. -M-, comme beaucoup d’entre nous, je connaissais depuis longtemps : en fin de compte, sa musique avait fait partie du paysage musical pendant presque toute ma vie.
Pourtant, il avait fallu attendre mes années de fac pour que je découvre le personnage, l’artiste, l’univers, la poésie, le showman et le guitariste. Malgré lui, il est devenu, lors de ces années, l’un de mes « professeurs de guitare », tant j’ai passé de temps à décortiquer son jeu, ses plans, ses techniques, son son.
C’est, actuellement, l’artiste que j’ai le plus vu en concert, dans des contextes très différents : en power trio rock à Bercy, en solo acoustique à la Philharmonie, avec Yaron Herman à l’Odéon, avec son père, son frère et sa soeur à l’Opéra Garnier. Plus tard, il y aurait encore d’autres rencontres : notamment au Cirque d’Hiver et à la Seine musicale, lors de la tournée Lettre infinie.
Un artiste, de multiples facettes, et un amour partagé, encore une fois, avec la famille et mes proches.
Pour toutes ces raisons, je ne pouvais pas passer à côté de cette rencontre fortuite, et quelques mots échangés plus tard, il me proposait de déposer ma guitare aux bureaux du Labo-M, et de revenir la chercher quelques jours plus tard, quand il aurait pu passer la dédicacer… ce qui fut fait dans les jours qui suivirent.
Roxanne, qui n’avait d’un "N", est désormais marquée d’un « M » indélébile.
14 février 2017
C’est la saint Valentin. Ma compagne m’offre un petit paquet. Qu’est-ce donc? Une sangle, pour Roxanne. Une sangle noire à pois blancs. Dédicacée par le maître Buddy Guy. La tenue est désormais complète.
Je n’ai pas inclus de détails techniques dans le récit, car ils pourraient ne rien apporter à l’histoire.
Je n’en rapporterai donc ici qu’un, concernant les micros. Un ami a fait sa formation de luthier auprès du regretté Xavier Petit. À l’occasion, ce dernier lui a remis divers sets de micros qu’il avait bobinés lui-même, dont un set pour strat.
Quelques années plus tard, alors que Xavier Petit nous avait quitté, cet ami m’a permis de les acquérir et me les a montés sur ma Roxanne. Ces micros sont merveilleux.
Voici pour l’histoire, du moins une partie d’entres elles.
Je ne doute pas que certaines pages restent encore à écrire, mais après tout, c’est la magie du milieu, non?
Belle année à tous chers backstagers !
Clément C.
Un immense merci à Clément pour avoir partagé son histoire !
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